Très attendu par les possesseurs de Playstation 4 qui voient en lui un titre de la trempe de Gears of War, The Order: 1886 sort dès demain partout dans le monde. Gamersyde ayant eu l'occasion de terminer l'aventure en début de semaine, nous allons pouvoir vous livrer notre sentiment sur la toute première création originale de Ready at Dawn. Verdict et vidéos à l'intérieur comme d'habitude.
Pas la peine de tergiverser plus longtemps, la vraie mauvaise surprise de The Order : 1886 est sa durée de vie rikiki qui aura décidément fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Après des déclarations annonçant une quinzaine d'heures de jeu il y a quelques mois et la tentative de damage control du studio depuis une petite semaine, le constat est sans appel : en mode difficile, en prenant notre temps d'observer les (somptueux) décors, d'écouter tous les enregistrements que nous avons pu trouver, et en comptant nos quelques essais infructueux sur certaines séquences un peu plus revêches, il nous aura seulement fallu 8 heures pour atteindre la fin de la cinématique de "conclusion" (nous reviendrons sur le sens de ces guillemets sous peu). Un temps de jeu qui comprend également les (très) nombreuses cinématiques soutenant la narration. On ne s'étonne donc aucunement des chiffres entendus çà et là sur Internet ; inutile de dire que les niveaux facile et normal sont absolument à proscrire pour ne pas transformer The Order en plaisir fugace. Plaisir, car en dépit de ses lacunes, le titre de Ready at Dawn s'avère particulièrement efficace, avec un scénario certes classique, mais une écriture soignée et une atmosphère admirablement bien rendue. Un plaisir néanmoins un peu mis à mal quand on termine l'aventure sur un final digne de celui de Soul Reaver. Ce qui aurait sans doute pu passer un peu mieux si le jeu était parvenu à nous occuper une dizaine d'heures pourrait bien vous rester en travers de la gorge, et tant pis si l'intensité dramatique de cette séquence est plutôt réussie.
Doit-on voir en cette durée de vie modeste un héritage des précédents projets du studio, pensés pour une console portable, et donc développés avec une approche un peu différente, plus condensée ? Difficile d'en être sûr, le travail effectué sur le moteur graphique et la mise en scène ayant certainement demandé un temps de développement conséquent. Du coup, on peut aussi raisonnablement se demander si ce manque de consistance de l'aventure n'est pas plutôt à mettre sur le compte de l'ampleur de la tâche qui incombait à Ready at Dawn. Ont-ils eu les yeux plus gros que le ventre ? Ont-ils préféré condenser l'expérience au maximum pour n'en conserver que les moments forts ? D'un autre côté, il serait quelque peu injuste de fustiger un jeu dont le genre est bien souvent synonyme d'expérience solo courte. Point de multijoueur pour venir rallonger le temps de jeu cependant, ni même de New Game +, qui n'aurait de toute façon aucun sens ici du fait de l'absence de leveling du personnage et de son équipement. Reste donc un jeu d'action à forte tendance narrative qui alterne de façon très scolaire les différentes phases de jeu ou de contemplation. Linéaire, tant par la structure de son scénario que par la construction de ses niveaux, The Order reprend le cahier des charges du parfait TPS sans jamais oser en changer les codes. L'habitué en sera pour ses frais, mais il ne passera pas un mauvais moment pour autant ; le néophyte, lui, sera aux anges. Le soin apporté aux personnages et l'univers sont pour beaucoup dans le sentiment d'immersion, et en dépit de retournements de situation assez prévisibles, l'histoire se laisse suivre du début à la fin.
Comme nous l'expliquions dans notre preview du mois de décembre, il ne faudra pas attendre de The Order qu'il vienne bouleverser la formule habituelle du jeu de tir à la troisième personne. Vue à l'épaule pour tirer, système de couverture, changement d'armes via la croix directionnelle, santé qui se régénère, tout ce que propose The Order fait dans le classique. Fort heureusement pour les plus blasés d'entre vous, les mécaniques de gunfights sont suffisamment efficaces pour que l'on retienne son souffle pendant les affrontements les plus déséquilibrés. La mise à couvert n'est certes pas exempte de défauts, avec l'impossibilité de se baisser manuellement et les maladresses qui vont souvent avec les systèmes qui demandent d'appuyer sur un bouton pour se coller à la paroi la plus proche, mais dans l'ensemble, les combats proposent d'excellentes sensations. Les animations des adversaires touchés ajoutent souvent beaucoup de dynamisme aux fusillades, de même que les quelques explosions que vous ne manquerez pas de déclencher. On regrette par contre que l'esquive soit dépendante du contexte et ne puisse s'exécuter que lorsque la touche croix apparaît à l'écran. Ainsi, il ne vous sera possible de plonger que pour éviter le souffle de l'explosion d'une grenade, ou la charge vorace des lycanthropes. Ces derniers reviennent bien sûr à plusieurs reprises dans l'aventure, mais la façon de les aborder reste toujours la même : coincé dans une pièce avec un ou plusieurs de ces énergumènes, il faudra combiner tirs et roulades d'esquive pour éviter leurs charges et en venir à bout d'une simple mise à mort déclenchée par la touche triangle.
Quant aux ennemis humains, ils n'hésitent pas à se mettre à couvert ou à venir vous débusquer, surtout s'ils sont munis d'un fusil à pompe – aux effets dévastateurs – ou/et d'une armure. En dehors de quelques séquences, la progression est assez fluide en mode difficile, mais il faudra prendre garde à ne pas gâcher trop de balles, sous peine de devoir tenter un sprint à découvert pour ramasser une arme laissée à terre par un adversaire (ou user d'eau noire pour vous refaire une santé une fois abattu). En parlant des armes, l'univers steampunk de The Order permet un certain nombre de libertés avec l'histoire. Il est cependant dommage que l'usage de l'arsenal le plus original soit finalement plus limité que les habituels fusils et autres pistolets. Comme dans Gears of War, l'armement n'est soumis à aucune forme d'évolution, en cela qu'il est impossible de l'améliorer via un système d'expérience ou de crafting. Normal me direz-vous, mais il nous semblait important de le préciser. En passe de devenir incontournable depuis Far Cry 4, l'arbalète fait même un passage éclair dans l'une des phases d'infiltration qui tentent d'amener un peu de variété à l'aventure. Ces dernières sont finalement peu nombreuses, ce qui devrait rassurer les moins discrets d'entre vous. En effet, au moindre faux pas, il vous sera impossible de retourner la situation à votre avantage, puisque le garde qui vous aura repéré vous logera systématiquement une balle dans la tête. À une époque où la fuite (Splinter Cell, Assassin's Creed) ou le passage naturel de la discrétion à la riposte (Uncharted, The Last of Us) sont généralement de rigueur lors des phases d'infiltration, le game over prend souvent l'allure d'une sanction aussi inutile qu'agaçante.
Si l'on ne saura jamais trop remercier Yu Suzuki pour ses deux Shenmue et ce qu'ils auront apporté au jeu vidéo actuel, on sera sans doute plus en retenue concernant l'invasion massive des QTE dans notre medium. The Order ne déroge pas à la règle, obligeant le joueur à rester concentré lors des cinématiques pour ne pas faillir au moment opportun. Qu'il s'agisse de séquences d'action classiques où il est demandé d'appuyer sur le bon bouton pour que le héros écrase la tête de son adversaire, ou encore d'éviter les attaques des loups garous (comme nous en parlions plus haut) dans des passages plus portés sur le gameplay, les QTE répondent un peu trop systématiquement à l'appel. On les retrouve même dans des séquences à mi chemin entre la cinématique et la phase de jeu, où Galahad affronte un lycanthrope au couteau, et où le jeu indique le sens dans lequel incliner le stick droit pour éviter son attaque. Le timing nécessaire est d'ailleurs beaucoup plus serré que lors des cutscenes interactives, dont le seul problème d'ergonomie tient au fait qu'il est parfois demandé de déplacer un viseur sur un point précis, avant d'être obligé d'appuyer sur l'une des touches de la manette (rond, carré, croix ou triangle), avec le pouce qui déplaçait le curseur quelques centièmes de seconde plus tôt. Hormis ce détail, nous n'avons jamais pesté face à ces QTE et nous nous refusons à les considérer comme un défaut du jeu. Reste qu'une fois de plus, on aimerait savoir ce qui est passé par la tête des développeurs quand ils ont décidé d'axer le combat final sur ce genre de mécaniques. Non seulement la séquence en question n'est qu'une resucée d'un autre passage du jeu, mais elle nous enlève aussi le plaisir d'être totalement acteur du dénouement...
S'il est bien un point sur lequel The Order mettra tout le monde d'accord, c'est son aspect graphique. Alors que bien des titres next gen soufflent encore trop souvent le chaud et le froid au niveau technique, le jeu de Ready at Dawn réussit l'exploit de concilier visuel époustouflant sans la moindre trace d'aliasing, direction artistique parfaitement maîtrisée, et framerate imperturbable à 30 images par seconde. Alors évidemment, ceux qui ne jurent que par les couleurs chatoyantes d'un Sunset Overdrive ou d'un Mario risquent de faire grise mine tant la palette utilisée pour The Order se veut intentionnellement limitée. Pour autant, impossible de faire la fine bouche à la vue des superbes effets de lumière, d'autant que malgré une direction artistique assez chiche en couleurs, le jeu ne manque pas de proposer un niveau en fin de journée où le soleil couchant brille de mille feux. L’alternance entre les intérieurs étouffants, où la pénombre est brisée par la lumière de la lanterne du héros, et les extérieurs meurtris par la pauvreté est très bien dosée. C'est d'ailleurs cette même alternance que l'on retrouve dans l'enchaînement des phases de jeu, les moments propices à l'exploration ou aux bavardages in-game apportant une pause bienvenue après une scène d'action. Le jeu ne lésine d'ailleurs pas sur les occasions de se laisser admirer, comme lorsque Galahad ramasse un objet pour l'observer sous toutes les coutures, ou qu'il essaie de crocheter une serrure.
À plusieurs reprises, The Order nous demande d'ailleurs de profiter de l'environnement, en rappelant que la touche L2 permet de zoomer sur l'image, comme s'il se plaisait à souligner la perfection de ses traits. Un brin narcissique donc, le jeu assume pleinement l'inspiration qu'il va puiser allègrement dans le septième art. Le rendu très cinématographique du mouvement de la caméra tend d'ailleurs à renforcer son lien de parenté avec les longs métrages, même lorsque le joueur est aux commandes. Quartiers mal famés, tunnels du métro, luxueuse bâtisse, les paysages offrent une certaine variété et fourmillent toujours de détails qui ne demandent qu'à être admirés. Une activité à part entière qui pourra allonger un peu la durée de vie, à condition de faire partie de ces joueurs qui ne rechignent jamais devant le plaisir de la contemplation. Les animations sont du même calibre que les décors, ce qui rend les déplacements très réalistes, bien qu'un peu patauds en combat. Le moteur physique dont on nous avait tant vanté les mérites s'avère un peu plus limité que prévu, avec des interactions avec le décor moins poussées que ce que l'on pouvait attendre : certaines barrières - en bois - s'abîment, les ustensiles de cuisine s’affolent sous les balles, des surfaces vitrés se brisent, mais les traces laissées par les impacts sont loin des promesses faites il y a un an et demi. Qu'à cela ne tienne, on ne lui en tiendra pas rigueur pour autant, le bilan technique étant bien sûr largement à la hauteur des attentes (pourtant démesurées) des possesseurs de PS4. Un jeu que l'on se plaira donc à présenter à ses amis pour montrer ce que la console de Sony a dans le ventre.
Tous les commentaires (63)
Pas : finis! Sans surprise, on va prendre une claque visuelle comme jamais sur notre PS4! Ça n'excuse pas la faible durée de vie qui est franchement abusé. Comme vous le souligniez, peut est est ce du au fait que Ready at Down n'avait réalisé que des productions sur PSP.
C'est quand même vraiment dommage pour la durée de vie, je trouve. Même si ça a l'air prometteur pour un premier jet.
Reste à savoir si ça va me suffire pour le prix. J'ai aimé (voire adoré) des expériences comme Spec Ops ou Remember Me mais pas en day one.
Vraiment dommage que le jeu soit trop court, surtout qu'il n'y ai pas de mode coop même si pour ce dernier on le savait depuis un moment. Et les QTE cette idée naze, je me rappelle encore d'Halo 4 !
Il a l'air en tout cas d'avoir une grosse ambiance et visuellement c'est clairement une méga claque.
Je vais télécharger les vidéos maintenant. <3
Cependant ca sent quand meme le pétard mouillé. D'ou le peu de com de SOny sur le titre. Passé la realisation technique reussie, il fait tres veillot que ce soit dans le découpage et la narration. Et les animations des PNJ font trop "poupées".
je dirais meme jusqu' a dire parler de "gouffre" (en exagerant) entre le rendu global esthetique et les anim : les ennemis glissent sur le sol, peu d'ombres portées et surtout l'impression qu'il y a un gabarit unique pour les ennemis.
Dommage car la DA est des plus travaillée. A prendre a petit prix.
Et pour info, il n'y a AUCUN spoil concernant l'histoire, dont je ne parle pas du tout (en dehors de donner mon avis dessus). Vous pouvez donc lire tranquille.
Vicieux. Je valide.
C'est plus ou moins ce que j'en attendait et n'ayant que très peu de temps pour jouer, la durée de vie me convient totalement :D
Bon vivement la suite alors ! C'est quand même hallucinant de dire ça alors que le premier vient tout juste de sortir. Je pense qu'ils vont tellement se prendre le retour de bâton des joueurs et journalistes qu'ils vont retenir la leçon. Le prochain je parie sur une durée de vie d'au moins 10 h^^
Mais je craquerais un jour ou l'autre à plus bas prix peut etre, juste pour admirer le travail artistique et technique.
Cette next gen a définitivement du mal à nous sortir des pépites, les jeux qui sortent sont Bons, mais ça ne va pas plus loin.
J'espère que The witcher 3 ne sera pas décevant lui.
Edit: ce combo de "ne te fait pas de soucis pour les ventes"
Comme toujours, merci beaucoup pour cette excellente review !
Bon c'est clairement court et c'est là qu'on regrette ce gameplay classique -Vanquish était court mais le gameplay amené à plusieurs heures en plus-. J'avoue que pour 50-60€ c'est léger. Mais une offre Auchan permet de le faire pour 19€, c'est parfait pour ce genre de jeu popcorn vite bouclé.
hop je choppe les vidéos pour constater enfin en bonne qualité ce que ça donne.
J'aurais la Ps4 je l'aurais choper à 30€ en occas parce que j'aime les jeux qui en mettent plein la tronche mais là j'ai pas l'impression de manquer quelque chose,on se plaint qu'il n'y es pas beaucoup de jeu mais c'est pas si simple de rentrer dans la cour des grands.
C'est un peu du gâchis je trouve, avec plus d'ambition, le jeu aurait vraiment marquer ce début de génération.