GSY Review PS5 PC

Avant de sortir l'artillerie lourde le mois prochain avec le très attendu Horizon Forbidden West, Sony nous propose de revisiter deux titres iconiques de l'ère PS4 dans Uncharted: Legacy of Thieves Collection, qui regroupe Uncharted 4 et The Lost Legacy pour la somme de 49€ (ou 10€ pour la mise à niveau si vous possédez encore les versions originales). Qu'est-ce qui différencie réellement ce portage payant des mises à jour gratuites de pointures comme God of War et The Last of Us Part II ? Y-a-t-il réellement un intérêt à refaire ces deux exclusivités si on les a déjà terminées ? Pour le savoir, on vous invite à déguster sans plus attendre la review qui suit, la vidéo qui l'accompagne et les jolies images maison que nous sommes ravis de vous offrir en complément.

UNCHARTED 4

Tex Avery

Quelle que soit la forme narrative qu'elles ont pu prendre à travers les âges, les histoires de pirates ont toujours su attiser l'imaginaire et les fantasmes de tout un chacun. On ne s'étonnera donc pas d'apprendre que Nathan Drake et son frère Sam ont longtemps cherché à découvrir ce qui était arrivé au célèbre pirate Henry Avery. Capitaine à la carrière étonnamment courte, mais à la renommée intemporelle, cet Anglais de Plymouth n'aura pas chômé pendant sa période d'activité entre 1694 et 1696, date à laquelle il finira par disparaître sans laisser de traces. Un mystère que Naughty Dog va bien sûr éclaircir à sa manière dans ce quatrième opus de la série Uncharted, en nous emmenant dans une véritable chasse au trésor aux quatre coins de la planète. Les zones d'ombre qui subsistent encore aujourd'hui autour de la disparition d'Avery ont logiquement permis au studio californien de bâtir un cadre historique et romanesque aussi crédible qu'intriguant, de quoi tenir le joueur en haleine jusqu'au clap de fin. Au fur et à mesure des découvertes du héros, on se prend donc vite d'intérêt pour la destinée énigmatique de ce pirate du 17ème siècle, mais pour savoir si ce que les légendes racontent à son sujet sont vraies, il faudra patienter jusqu'aux dernières minutes de l'aventure. Cet illustre personnage qui aura inspiré tant d'autres capitaines célèbres offre donc un fil rouge narratif pertinent, tout en s'inscrivant dans l'histoire plus personnelle de Drake pour lui permettre de tirer la plus belle des révérences. Un dernier voyage qui sonnera avant tout les retrouvailles des deux frères orphelins, après une séparation forcée de 15 ans qui sera expliquée le temps d'un chapitre flashback.

Comme vous le savez certainement, depuis le premier épisode sorti en 2007, l'une des forces de la série a toujours été l'écriture soignée de ses personnages, aussi attachants que charismatiques. La relation entre Nathan et Elena dès le premier volet, l'omniprésence rassurante de Sully, père de substitution du héros depuis leur rencontre en Colombie dans les années 80, tout ceci a rapidement posé les fondations d'un univers dans lequel on a toujours pris beaucoup de plaisir à évoluer. Le ton léger, l'humour, les innombrables chutes de Drake, ses réactions, les liens forts tissés entre les personnages, c'est à Amy Hennig que l'on doit tout cela. Autant dire que l'annonce de son départ de Naughty Dog en avril 2014 n'avait pas ravi les fans de la première heure. Rappelons au passage que la scénariste avait déjà prouvé toute l'étendue de son talent en officiant sur la série Legacy of Kain, autre franchise maintes fois louée pour son univers riche et son scénario. La reprise de la saga Uncharted par Neil Druckmann (game director et scénariste de The Last of Us) n'inquiétait pas outre mesure évidemment, mais on se demandait si ce dernier épisode des aventures de Drake n'allait pas prendre une teinte résolument plus sombre. S'il existe bel et bien une part de noirceur et de sérieux dans A Thief's End, elle ne supplante pas pour autant la légèreté habituelle de son personnage principal. On retrouve donc avec plaisir la célèbre répartie de l'aventurier, que le joueur est parfois même libre de choisir via plusieurs lignes de dialogue - sans impact sur le déroulement de l'histoire néanmoins. En dépit des quelques années supplémentaires qu'il affiche à son compteur, Drake n'a donc rien perdu de sa spontanéité face au danger.

Drake ne perd pas le North

Ce que ce quatrième épisode parvient à faire évoluer en revanche, c'est la structure même de son game design, plus posé à certains moments clefs de l'aventure. En effet, là où les épisodes précédents étaient souvent menés tambour battant du début à la fin, les faisant ressembler à un tour de montagnes russes bourré d'adrénaline, Uncharted 4 n'hésite pas à prendre son temps et va jusqu'à inciter le joueur à faire de même. Si le jeu reste bien sûr rempli de ces moments forts qui ont fait le succès de la franchise, il s'amuse aussi à jouer sur les variations de rythme, en enchaînant des séquences aux cadences radicalement différentes. Tout ceci se voit grandement facilité par la durée de vie du titre, impressionnante pour le genre, qui nous avait plutôt habitué à des expériences intenses, mais moyennement longues - autour de la huitaine d'heures en règle générale. 20 heures et 45 minutes en mode difficile, voilà le temps qui nous aura été nécessaire pour savoir si nous allions devoir porter les stigmates d'un dénouement tragique. 22 chapitres pendant lesquels vous ne verrez pas le temps passer, et où se mêleront tour à tour excitation, admiration, contemplation et suspens comme rarement dans un jeu vidéo. Un temps de jeu quasi triplé par rapport à Uncharted 3 donc, une jolie prouesse quand on réalise en plus que l'on ne s'y est pas ennuyé une seule seconde.

A Thief's End n'hésite pas à ouvrir ses zones de jeu assez régulièrement pour que le joueur puisse donner libre cours à ses envies d'exploration. On évolue donc à un rythme moins frénétique, à la recherche de trésors ou lieux optionnels, ce qui permet de profiter des splendides environnements traversés (à pied ou en véhicule). Il sera d'ailleurs difficile de résister à l'appel du cliché instantané via le mode photo du jeu. Précisons tout de même que les espaces ouverts ne le sont qu'en apparence, et qu'il sera impossible de s'y perdre - même pour les plus têtes en l'air. Reste que l'on pourra facilement y flâner, en tombant parfois sur un lieu caché renfermant un document d'époque, qui viendra alors s'ajouter au carnet de Drake. L'arrivée à Madagascar a beau s’avérer assez dirigiste en réalité, elle n'en reste pas moins agréable à explorer. En outre, un peu plus loin dans l'aventure, Drake sera laissé libre dans un espace moins balisé où il devra trouver les indices (plus ou moins bien dissimulés) qui le mèneront à son objectif. Quand on vous disait que l'on participait à une véritable chasse au trésor. Soupir de soulagement, cette liberté bienvenue ne tombe pas dans le piège habituel des jeux en monde ouvert, et elle ne détournera jamais le joueur trop longtemps de sa quête principale et de ses enjeux.

Autre changement majeur, la place donnée à l'infiltration dans cet épisode est nettement plus importante. Bien que possible dans les volets précédents, il était souvent très compliqué de rester furtif très longtemps dans une zone infestée d'ennemis. L'expérience acquise sur The Last of Us a cependant permis à Naughty Dog d'affiner cet aspect perfectible du jeu pour le rendre plus accessible, quitte malheureusement à engager une armée de myopes pour accompagner Rafe Adler et Nadine Ross dans leur entreprise. Aidé de l'affichage du niveau de vigilance des gardes (désactivable dans les options - ce que l'on vous conseille d'ailleurs de faire), le joueur peut progresser plus facilement au sein des zones ennemies. D'autant que les herbes hautes savamment placées assurent une quasi invisibilité à Drake et ses coéquipiers. Des coéquipiers qui, comme ceux de TLOU, ne pourront jamais être repérés par les soldats adverses, même lorsqu'il leur arrivera de leur passer sous le nez. Une décision que l'on comprend aisément tant il aurait été frustrant de manquer son approche furtive à cause d'une IA mal calibrée, mais lorsque cela se produit, l'immersion en pâtit quelque peu. En dépit de ces quelques bémols, l'infiltration fonctionne bien, et elle n'est pas toujours aussi simple qu'on pourrait le croire au premier abord. Les zones sont souvent vastes, elles grouillent d'ennemis, et demandent donc beaucoup d'observation et un peu de patience pour les franchir en parfait petit fantôme. La possibilité de marquer les sentinelles en patrouille est aussi bien pratique, mais reste parfaitement optionnelle (et désactivable).

Treuil Baker

À plusieurs reprises au cours de l'aventure, la marche à pied et l'escalade ne seront plus les seules activités de Nathan et ses amis. Comme nous souhaitons en dévoiler le moins possible dans cet article, nous ne parlerons ici que de la jeep qui, outre le fait de rendre les déplacements plus rapides dans les zones plus étendues, permet de tirer partie de la topographie particulière des lieux. En effet, la présence de nombreuses pentes boueuses et glissantes donne à la voiture un rôle prédominant dans le chapitre se déroulant sur l'île de Madagascar. Le principe reste simple, puisqu'il est toujours aisé de repérer les éléments du décor permettant de maintenir l'adhérence du véhicule, mais cela apporte malgré tout une variété bienvenue dans les situations de jeu. L'utilisation du treuil suit la même logique d'accessibilité, puisqu'elle reste limitée à des endroits bien précis. Qu'il s'agisse de faire tomber une structure maintenue par des poutres ou de se hisser tout en haut d'une pente, il ne faut donc jamais plus d'une minute pour passer à la suite. La jeep sera évidemment aussi la star de la fameuse séquence de poursuite scriptée qui débute dans les rues d'une ville malgache. Un passage bien plus long que l'extrait présenté pendant la conférence à l'époque, et qui démontre tout le talent de Naughty Dog pour la mise en scène, spectaculaire et cinématographique. Difficile de ne pas penser à la scène du train dans UC2, ou à celle à cheval dans le troisième volet.

L'aspect plateforme n'a pas été délaissé pour autant, et vous passerez une bonne partie de votre temps à bondir à droite à gauche en vous rattrapant à la dernière seconde pour éviter la mort prématurée de Drake. L'arrivée de deux nouveaux outils agrandit l'éventail des possibilités ceci dit, avec le grappin que tous ceux qui ont pu se frotter à la bêta multijoueur ont déjà essayé, mais aussi le piton d'escalade que Drake récupère au cours du dernier tiers de l'aventure. Une nouveauté qui n'est pas sans rappeler le piolet de Lara Croft, mais après tout, entre aventuriers de renom, il est d'usage de se rendre la politesse dès qu'on le peut. En règle générale, le level design des zones dédiées aux acrobaties reste dans la veine des épisodes précédents, mais Uncharted 4 autorise une plus grande latitude avec des prises plus nombreuses pour s’agripper et quelques courts chemins alternatifs. Rien qui bouleverse fondamentalement l'expérience, mais on se sent un peu moins coincé sur des rails que par le passé - même si encore une fois, tout n'est ici qu'illusion. Ce qui est certain, c'est qu'en dépit d'une durée de vie colossale, A Thief's End est probablement l'un des volets les plus variés en termes de paysages et d'atmosphère. En intérieur, en extérieur, sous terre et même sous l'eau (car, oui, Drake nage enfin librement pour explorer les zones sous-marines - prends-en de la graine Nouvelle Lara Croft...), Drake va vous en faire voir de toutes les couleurs. Impossible d'être exhaustif sans finir par vous en dévoiler trop sur les environnements traversés, mais attendez-vous à un dépaysement de chaque instant.

American Booty

Deux autres constantes immuables font partie intégrante de l'expérience Uncharted, et il n'était pas question pour Naughty Dog de les mettre en retrait dans ce dernier volet de la série. On retrouve donc sans surprise les habituelles séquences de "réflexion" qui vous demanderont de comprendre des mécanismes avant de pouvoir les activer. Comme toujours, les annotations que Drake ajoutera dans son fidèle carnet vous seront d'un grand secours, et les puzzles croisés ne devraient pas vous retenir bien longtemps. Plus évidents encore que les énigmes des tombeaux de Rise of the Tomb Raider, ils restent néanmoins très plaisants à résoudre et s'intègrent parfaitement dans le rythme de l'aventure. Parfois basés sur l'observation, parfois sur les aptitudes physiques hors normes du héros, ces passages s'inscrivent dans la droite lignée de ceux des trois premiers opus de la série. Enfin, même si Uncharted 4 fait la part belle à l'infiltration pour palier au flagrant surnombre ennemi (le nombre d'adversaires pouvant allègrement dépasser la quinzaine parfois), il ne renie pas son ADN de shooter pour autant. Certaines séquences ne vous laisseront d'ailleurs pas le choix et vous obligeront à sortir les armes pour vous frotter aux hommes de Nadine Ross. Comme par le passé, la mise à couvert demeure essentielle pour survivre, mais attention aux éléments de décor destructibles derrière lesquels vous vous cacherez. Toutes les protections en bois ne procurent en effet qu'un abri éphémère vous obligeant à rester le plus mobile possible, et à tirer profit de la verticalité des aires de combat.

Ajoutez à cela la nette tendance des ennemis à venir vous débusquer derrière votre abri ou à vous prendre à revers sans crier gare, et vous comprendrez vite que les embuscades prévues par le scénario peuvent vite tourner à votre désavantage. Ce sont d'ailleurs bien là les seuls moments de potentielle frustration que l'on pourra ressentir en jouant en mode difficile. D'autant que les soldats adverses font mouche très facilement (et manient toujours la grenade comme personne...) et qu'il ne faudra pas trop compter sur l'IA alliée pour couvrir vos arrières. Tout juste vous-aideront-ils parfois en attrapant un adversaire pour que vous l'acheviez, voire de temps à autre en abattant l'un d'entre eux sur un malentendu. On exagère un peu évidemment, mais que les choses soient claires, le héros, c'est vous, et c'est donc à vous que revient le sale boulot ! Fort heureusement, les sensations de tir sont excellentes. Bien loin des problèmes de visée chroniques que nous avons souvent reprochés à la trilogie sur PS3 (et dans une moindre mesure à la compilation remastérisée sortie sur PS4), Uncharted 4 fait preuve d'une redoutable précision, même une fois toutes les aides désactivées. Un vrai bonheur, décuplé grâce à l'excellent feedback des armes, quelle que soit leur classe. Du simple pistolet au fusil d'assaut, le plaisir de jeu est intact, et pour peu que l'on parvienne à tuer un premier adversaire d'un tir de fusil bien placé, puis à se jeter dans le vide en lançant son grappin pour retomber sur un second ennemi, avant d'en abattre un troisième avec son arme de poing, l'impression de vivre un film d'aventure de l'intérieur n'aura jamais été aussi prégnante. Prenez tout de même garde aux inévitables soldats équipés d'armes et d'armures lourdes, toujours aussi horripilants...

THE LOST LEGACY

Balade dans un petit marché local, promenade nocturne dans les quartiers de la ville, infiltration de zones bien gardées, fuite sur les toits et glissades sous une pluie de balles, jungle luxuriante, grappin, vieux temples et véhicule tout-terrain, le cahier des charges de tout Uncharted qui se respecte a été suivi à la lettre. Trop peut-être ? On vous laisse répondre à cette question comme des grands, mais il aurait été bien étonnant que cet épisode, prévu au départ comme un "simple" contenu additionnel, se risque à sortir des sentiers maintes fois battus dans la série de Naughty Dog. The Lost Legacy n'hésite pourtant pas à se moquer gentiment de son héritage dès le premier chapitre, quand Nadine demande à Chloé d'arrêter d'utiliser les fameuses caisses à roulettes du quatrième volet une bonne fois pour toute. Car en effet, pour le reste, difficile de feindre la surprise en découvrant le début de ce spin-off. Malgré la présence d'une femme en personnage principal, le ressenti manette en main ne change pas énormément par rapport à un Nathan Drake. Même aisance pour gravir les parois abruptes, même équipement d'escalade, même arsenal, et bien sûr même structure des niveaux avec leur alternance entre exploration et affrontements. Fondamentalement, ce n'est ni une surprise, ni même un problème, Uncharted reposant sur des codes qu'on ne peut balayer du revers de la main pour la simple justification d'un nouvel opus. Il faut néanmoins garder en tête qu'on se trouve ici face à ce que les Anglo-Saxons appellent le "more of the same". Ce qui fera potentiellement la différence pour les éventuels blasés de la franchise, c'est ce qu'ils pourront y apprendre concernant deux personnages qu'ils ont déjà eu l'occasion de croiser (Chloé, dans le second et le troisième volet, Nadine, dans le dernier en date). Le duo fonctionne bien, et on devine dès le départ que le passé de Chloé réserve quelques surprises, notamment en ce qui concerne son père.

Violon d'Inde

The Lost Legacy n'a pas pour vocation de surprendre ceux qui connaissent déjà parfaitement la musique Uncharted depuis 2007. Reprenant assez adroitement ce qui a fait le succès de la série, ce spin-off condense l'expérience du quatrième volet dans un format plus proche de l'esprit du second ou du troisième. Bien sûr, les séquences fortes ajoutées dans le dernier opus n'ont pas été oubliées dans l'équation, mais le retour en grâce des énigmes (toutes très sympathiques au passage) et certaines séquences clefs ne manqueront pas de rappeler de bons souvenirs aux anciens de la franchise. Convaincus donc ? Eh bien oui, à notre grande surprise d'ailleurs, tant nous voyions d'un œil circonspect cette nouvelle épopée dans l'univers créé par Naughty Dog il y a 10 ans. Il faut dire que la crainte de subir de plein fouet la lassitude liée à l'enchaînement des épisodes déjà sortis étaient grande, mais voilà, malgré des premières impressions un brin tièdes, nous avons finalement pleinement embrassé l'aventure, menée tambour battant pendant 9 heures en mode normal.

Au rang des nouveautés apportées par Uncharted 4 figurait l'ajout de zones plus vastes, simulant une forme de liberté nouvelle offerte au joueur. En sus des chapitres plus narratifs, dont certains joueurs n'avaient d'ailleurs pas apprécié l'inclusion, ces séquences d'exploration avaient permis à la dernière aventure de Nathan Drake de proposer une durée de vie inégalée jusque là dans la série. On se demandait donc comment cet aspect allait pouvoir être incorporé dans The Lost Legacy, annoncé plus court par ses le studio californien. La mise en place du récit dans les deux premiers chapitres permet d'abord à Chloe Frazer de rencontrer Nadine Ross, juste avant que les deux jeunes femmes n'aient droit à leur premier face-à-face avec l'antagoniste du jeu, Asav, un chef rebel belliqueux à la recherche de la Défense de Ganesh. Après une fuite par les toits dans le plus pur esprit de la série, l'aventurière et la mercenaire se retrouvent à bord de la fameuse Jeep introduite dans Uncharted 4, lâchées dans la jungle indienne à la recherche de ce même artefact. D'abord très linéaire, le road trip finit par s'ouvrir pour mieux nous surprendre, en nous offrant un espace de jeu plus étendu et plus fourni que ceux de l'épisode précédent.

Là où Uncharted 4 avait tendance à "se contenter" de proposer des zones plus larges, reliées entre elles par de petits "couloirs", The Lost Legacy table sur une carte suffisamment grande pour y placer bon nombre de points d'intérêt : les trois objectifs principaux évidemment, mais aussi plusieurs ruines renfermant les pièces d'un même "puzzle", dont la résolution donnera accès à un bijou aux vertus plutôt intéressantes pour les complétistes. Une quête optionnelle qui s'avère plus sympathique que l'on pourrait le croire de prime abord, puisqu'en plus de donner l'occasion de découvrir des lieux uniques, elle mélange assez intelligemment affrontements, exploration et énigmes (avec des propositions à chaque fois différentes pour ces dernières). Certains y verront là l'explication de la légère baisse de rythme de l'intrigue principale, qui se retrouve mise au second plan le temps de passer la carte au peigne fin, mais il serait dommage de passer à côté. Pas tant pour y récolter la récompense octroyée en allant au bout, mais plutôt pour le plaisir que cette petite digression procure. Le reste de l'aventure s'inscrit nettement plus dans la lignée dans volets sortis sur Playstation 3, plus linéaires, avec ses temples majestueux, ses acrobaties, ses puzzles et ses pièges. Étonnamment, la scène du blindé en colère que nous avions trouvée si médiocre à l'époque nous a moins traumatisés cette fois, mais on le doit sans doute au choix du mode normal au lieu du difficile. Quant au reste de l'aventure, tous les événements s'enchaînent parfaitement jusqu'au final clin d'œil mémorable et spectaculaire.

Thief ammoniacal

Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous avons eu l'impression que les séquences nous mettant aux prises des sbires du vilain de service avaient été quelque peu mises en retrait dans The Lost Legacy. Entendons-nous bien, le jeu ne les occulte pas pour autant, des affrontements "forcés" revenant régulièrement pour donner un certain rythme à l'aventure, mais nous avons apprécié la manière dont cet épisode les a répartis dans la trame scénaristique. Finalement, c'est sans doute dans la zone "ouverte" que la présence ennemie se fera le plus sentir, même si toutes les ruines découvertes ne seront pas toujours occupées par des forces hostiles. Pour nettoyer comme il se doit les vestiges du passé de la culture hindouiste, vous aurez généralement le choix entre deux approches propres au genre. La furtivité fait bon usage de la végétation haute ou des plans d'eau, mais comme souvent dans la série, les lacunes de l'intelligence artificielle y sont beaucoup plus évidentes. Attrapez un homme à l'abri des hautes herbes tandis que l'un de ses comparses regarde dans votre direction à quelques mètres à peine, il deviendra suspicieux quelques secondes avant de reprendre sa ronde sans même avoir fait l'effort d'inspecter les lieux. On ne s'étendra pas sur le fait que l'IA peut également croiser votre coéquipière sans que l'un et l'autre ne lève le petit doigt, puisque cela reste un choix de gameplay globalement justifié, mais il faut avouer que lorsque cela arrive, l'immersion en souffre toujours autant. Au final, on aura presque tendance à déconseiller cette approche tant les développeurs ont tenu à ne pas frustrer les joueurs. Dommage, mais heureusement, en dehors de la quête annexe que nous mentionnions plus haut, The Lost Legacy impose plus régulièrement le combat frontal qu'il ne laisse le choix de la discrétion.

Et c'est tant mieux en fin de compte, car les combats de ce nouveau volet sont plutôt bien amenés, avec des "arènes" de jeu qui mettent à profit le contournement ou la verticalité, et des ennemis assez mobiles mais jamais omniscients (comprendre qu'une fois hors de leur ligne de vue, ils ne savent pas forcément où vous vous trouvez). L'arsenal n'est certes pas très original quand on connaît la série par cœur, mais les sensations de tir sont bonnes et aucune des batailles n'a le mauvais goût d'abuser de pics de difficulté injustes. On croise bien quelques hommes équipés d'armures lourdes, mais aucun passage ne s'avère frustrant, ceci étant certainement rendu possible par la configuration de la plupart des lieux, qui favorisent toujours un maximum de mobilité pour se mettre à l'abri. Un autre point qu'il nous semble important de souligner est que la présence ennemie tombe un peu moins comme un cheveu sur la soupe dans The Lost Legacy. On se souvient tous de ces passages où les héros, perdus au milieu de ruines restées inviolées depuis des siècles, grouillaient de soldats assoiffés de sang. Si vous tomberez immanquablement sur les hommes d'Asab dans certains lieux abandonnés, leur apparition nous a paru plus cohérente dans l'ensemble dans cet épisode. On parlera même d'une certaine logique logistique et scénaristique maintenue jusqu'au bout de l'aventure - dans la limite des codes instaurés par Hollywood et le jeu vidéo cela va sans dire. Bien sûr au final, la formule n'évolue pas d'un pouce, et la structure plus condensée ne le met pas au même niveau qu'Uncharted 4 en termes de dépaysement et de retournements de situation, mais d'une certaine manière la plus courte durée de cet épisode spin-off lui fait plutôt du bien. D'autant plus si vous avez décidé d'enchaîner les deux titres dans la foulée.

Verdict


Tout ce que vous avez lu jusqu'à maintenant dans cet article, vous le saviez déjà plus ou moins si vous avez suivi le lancement de ces deux titres. La question qui vous taraude le plus tient évidemment à l'intérêt de ces portages et aux améliorations qui vont avec. Pour commencer, il nous faut évidemment évoquer l'implémentation de trois modes graphiques, auxquels nous n'avons assez logiquement pas eu droit dans les mises à jour PS5 de titres comme Days Gone, God of War, The Last of Us Part II ou Ghost of Tsushima. Trois choix s'offrent à vous à tout moment. Le mode Fidélité impose la 4K et le 30 fps pour un résultat visiblement plus net, mais également moins fluide, quand bien même le framerate ne semble à priori pas pris en défaut (d'après ce que nous avons pu voir, ce n'est pas le mode que nous avons le plus utilisé). Comme dans les autres modes, il est possible de modifier l'intensité du motion blur et même de le désactiver. Deuxième option, celle de préférer les bénéfices du 60 images par seconde dans une résolution moindre (1440p) avec une image reconstruite en 4K. On retrouve alors un rendu visuel similaire aux jeux originaux dans leur version PS4 Pro mais avec une fluidité accrue. Aucun problème de ralentissements à noter, l'expérience y gagne même en souplesse, même si nous n'irons pas jusqu'à parler de révolution. Enfin, le mode Performance + s'adresse à celles et ceux qui possèdent un écran compatible 120 fps et qui ne rechignent pas à jouer en 1080p. L'affichage reste de bonne qualité sur un téléviseur moderne (nous l'avons même testé sur notre nouveau C1 77 pouces), mais il est évidemment nettement moins fin que dans les autres modes et s'appréciera surtout à condition d'être à distance respectable de votre écran 4K. Les deux jeux s'avèrent également d'une fluidité redoutable dans ce mode puisque nous n'avons pas remarqué les fluctuations qui s'invitent généralement sur consoles avec un rafraîchissement d'image aussi élevé. Le confort de jeu est encore un peu meilleur, mais dans de tels titres qui nous mettent face à des IA assez lentes à la détente et dont les phases de plateforme et de conduite ne demandent jamais une grande précision, l'intérêt nous semble assez relatif.

Visuellement, si Uncharted 4 et The Lost Legacy affichent toujours des graphismes assez époustouflants, on vous mentirait en vous disant que la différence avec les moutures PS4 Pro saute véritablement aux yeux. On imagine bien que la comparaison directe image par image soit à l'avantage de ce portage PS5, mais très sincèrement, difficile de s'en rendre réellement compte quand on y joue. Sony est d'ailleurs resté assez discret sur la teneur des améliorations graphiques. Si certaines personnes ont évoqué une amélioration sur les ombres, nous sommes un peu plus réservés à cet égard. On se souvient en effet que cet aspect du jeu avait pu être vivement critiqué par quelques joueurs, et il se trouve qu'elles semblent toujours souffrir des mêmes problèmes. Ainsi, on remarque fréquemment leur pixellisation exagérée dès que les environnements sont un peu plus denses. Qu'il s'agisse de la végétation dans les zones luxuriantes ou même du personnage principal, leurs contours laissent apparaître des défauts bien notables, quand ce ne sont pas les ombres elles-mêmes qui se mettent à clignoter au loin. Alors bien sûr, dans des paysages riches en détails où la distance d'affichage est souvent très généreuse, il n'est peut-être pas si évident de proposer beaucoup mieux sur la base d'un jeu PS4, mais on espère quand même que la version PC permettra de corriger cela d'ici quelques semaines. Pour le reste, les textures sont bien sûr très propres, mieux définies sur les décors plus éloignés dans le mode Fidélité qu'elles ne pouvaient l'être à l'époque sur PS4 Pro, mais comme les jeux originaux étaient déjà très réussis de ce côté, on ne peut pas dire que le bond qualitatif soit aussi visible qu'on aurait pu l'espérer. Le LOD semble avoir été amélioré, avec plus d'éléments affichés au loin que sur la génération passée, mais cela reste assez discret quand on ne compare pas directement les versions originales avec les portages. À moins de s'amuser à zoomer sur des extraits vidéo donc, ce qui change le plus la donne on l'a dit, c'est véritablement le framerate doublé (ou quadruplé donc).

On aura beau ne pas s'étonner de la disparition du mode multijoueur d'Uncharted 4, son absence se fera peut-être sentir auprès de celles et ceux qui y avaient passé du temps à l'époque de sa sortie, mais comme il tournait déjà à 60 images par seconde, on doute qu'il aurait gagné quoi que ce soit en passant sur Playstation 5. Le SSD remplit bien son office en revanche, les chargements étant bien plus rapides que par le passé. Pour le joueur qui revivra l'expérience de bout en bout, cela se remarquera surtout au premier lancement du jeu, mais si vous désirez relancer certains chapitres (cette version est bien compatible avec les sauvegardes originales si vous les avez enregistrées sur le cloud), vous vous en rendrez vite compte. Comme pour la mise à niveau de Ghost of Tsushima, Legacy of Thieves comprend aussi une implémentation complète de la DualSense. Rien de très original de ce côté, on retrouve donc les quelques nuances auxquelles le nouveau pad nous a habitués (légères vibrations quand Drake écrit dans son carnet, à-coups marqués des armes qui tirent en rafale, résistance - légères - des gâchettes en voiture, prises quand on escalade, etc.. Ne vous méprenez pas, on apprécie toujours autant la prise en main de la manette et le rendu des vibrations, et les deux jeux proposent même quelques petits effets réussis (contact perceptible entre les vagues et le bateau quand on navigue, gouttes de pluie sur le personnage, tonnerre qui gronde et qui disparaît peu à peu), mais on attend encore les jeux qui proposeront une expérience radicalement différente en en tirant profit. En dehors de Astro's Playroom et Returnal, on ne peut pas dire que le périphérique soit un véritable "game changer" pour le moment. Espérons que Gran Turismo 7 et Horizon Forbidden West sauront se montrer plus convaincants. Enfin, l'audio 3D au casque fonctionne bien, même si la qualité sonore qui en résulte est régulièrement décriée par les experts du son.

En résumé, on reste finalement légèrement déçus par les apports de ces nouvelles versions des jeux de Naughty Dog. La présence des trois modes graphiques est assurément une bonne chose, mais au final, quand on a choisi celui qui convient le mieux à son goût, on a assez peu de raison de passer de l'un à l'autre en cours de partie. Et comme c'est surtout l'implémentation du 60 fps qui change la donne, il est très probable que la plupart des joueurs et joueuses opteront plutôt pour le mode Performance. Comme l'apport des fonctionnalités de la DualSense nous semble assez minime et que tout le monde n'a pas nécessairement besoin d'utiliser l'audio 3D, on ne pense pas que ce portage payant des deux titres amène une réelle plus-value par rapport aux mises à jour gratuites des exclusivités PS4 qui ont pu voir le jour. Digital Foundry ne manquera sans doute pas de montrer à la loupe les différences (plus ou moins) visibles entre les versions originales et PS5, mais à moins de vouloir absolument redécouvrir les aventures de Nathan Drake et Chloe Frazer avec un framerate plus élevé, cette compilation s'adresse surtout à celles et ceux qui n'avaient pas eu l'occasion de jouer aux deux jeux (s'il en reste encore). Mais au bout du compte, ce qu'il faut tout de même souligner, c'est que les années qui ont passé n'ont rien enlevé aux qualités (techniques et ludiques) d'Uncharted 4 et The Lost Legacy, toujours aussi prenants à parcourir et beaux à regarder. Pourtant, voilà bientôt six ans que la dernière aventure de Drake est sortie, contre quatre ans et demi pour celle de Chole et Nadine. La preuve que Naughty Dog est un studio sans aucun autre équivalent, ce qui nous laisse d'autant plus impatients de découvrir quel sera leur premier projet entièrement dédié à la Playstation 5.

  • Les plus
  • Deux superbes jeux en un
  • Trois modes graphiques au choix
  • Toujours aussi beaux
  • Encore plus agréables à 60 ou 120 fps
  • Quelques effets sympas avec la DualSense
  • Chargements bien plus rapides
  • L'audio 3D convaincante
  • Les mêmes qualités que par le passé
  • Les moins
  • Rien de neuf en termes de contenu
  • Plus de multi dans UC4
  • Améliorations graphiques peu flagrantes
  • Des ombres encore bien pixélisées
  • L'apport de la DualSense assez minime

Images maison - Les modes graphiques

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Trois de plus !

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Wolfstone
Wolfstone
Commentaire du 26/01/2022 à 18:32:15
Ce sont tous 2 des excellents jeux. Techniquement, c'est vraiment toujours une claque presque 6 ans plus tard. C'est impressionnant de ce point de vue là. ND réalise vraiment un travail de qualité, y a pas à dire. Ceux qui n'ont pas joué à ces jeux peuvent y aller les yeux fermés. Je viens de voir les améliorations qu'il y a suite à la vidéo de Digital Foundry. C'est sans doutes pas flagrant en jeu, mais le LoD semble s'être bien amélioré sur PS5. La meilleure feature reste manifestement le frame rate et je vais refaire un run à 60, voir à 120 pour voir. Par contre, un petit oubli me chagrine et j'espérais qu'ils allaient l'ajouter avec cette version : c'est la possibilité de revoir les cinématiques découvertes, hors du jeu. C'était prévu dans les anciens opus mais pas sur ceux là. 
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GTB - Acapello
GTB
Commentaire du 26/01/2022 à 20:00:31
Des jeux toujours très efficaces et beaux (toujours les meilleurs dans leu genre d'ailleurs). Mais on sent quand même, un peu, qu'ils sont de la gen précédente. Là c'est clairement le framerate le plus de cette collection. Curieux de voir ce que ND prépare pour la PS5...en espérant une toute nouvelle ip.
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Keninou
Keninou
Commentaire du 26/01/2022 à 20:16:11
même 6 ans après il reste toujours splendide 
En réponse à
deepbluesea - SLI ou caleçon ?
deepbluesea
Commentaire du 26/01/2022 à 20:43:46
Je passe. Je n'ai pas aimé Uncharted 4 (j'ai détesté le rythme et ce gameplay daté maintenant), et je n'ai meme pas terminé l'extension tellement je me suis ennuyé. La formule a cessé de fonctionner sur moi depuis Uncharted 3 je pense. Cela dit le 60 FPS semble faire du bien aux 2 jeux.
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Dazman - Stade Falloir
Dazman
Commentaire du 26/01/2022 à 22:02:08
J'ai adoré les 2 jeux mais pas au point de les refaire. Merci pour ta review et tes sous titres absolument délicieux ;)
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roreaver
roreaver
Commentaire du 28/01/2022 à 14:29:12
Le 60 fps fait tellement tellement du bien, même si c'est un peu flou. Deux jeux assez incroyables de maitrise (même si je trouve que graphiquement bah... on sent un petit peu le poids des années même si cela reste impressionnant). J'ose pas imaginer la claque que Naughty dog va nous mettre sur cette gen... 
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A propos du jeu
Plateformes
PC PS5
Edité par
Sony Computer En...
Developpé par
Naughty Dog
Patreon

135 $ de 400 $ par mois

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