Après Dear Esther et Amnesia: Machine for Pigs, la suite du jeu de Frictional Games, The Chinese Room revient avec Everybody's Gone to the Rapture, sur Playstation 4 cette fois. Pour ceux qui connaissent déjà leurs précédentes productions, pas de réelle surprise sur le contenu, mais pour les autres, nous vous invitons à l'intérieur pour découvrir ce que réserve ce titre particulièrement contemplatif.
Note : Comme d'habitude, review garantie sans le moindre spoiler, puisque nous n'abordons jamais l'intrigue du jeu dans l'article.
MAJ : Ajout de deux vidéos d'analyse de framerate pour comprendre les problèmes de fluidité du jeu.
Les premiers pas dans Everybody's Gone to the Rapture ont quelque chose d'assez déstabilisant et déroutant. Lâché sans la moindre indication près d'une petite bourgade anglaise, le joueur va rapidement découvrir qu'il s'y passe des choses étranges, conséquence d'évènements que l'on devine tragiques. Des apparitions spectrales ponctuent en effet l'avancée dans ce village d'apparence paisible, qui prend la forme d'un monde ouvert dans lequel il va nous falloir errer à la recherche de réponses. D'abord simples prénoms parmi tant d'autres, les échos de lumière croisés finissent par devenir de plus en plus familiers, au point que l'on parvient petit à petit à s'attacher à leur histoire en reliant les points narratifs qui les unissent. Couples, familles, médecin ou prêtre, chacun de ces êtres disparus révèlera un pan de son passé par l'intermédiaire de brèves scènes de dialogue qu'il faudra chasser tout au long de l'aventure. C'est par ce biais que les développeurs permettent au joueur de capturer toute l'essence scénaristique du jeu, puisque ne vous y trompez pas, Everybody's Gone to the Rapture est bel et bien une pure expérience narrative, au même titre que Dear Esther avant lui.
Chaque zone de la bourgade vous permettra de rencontrer l'un de ses habitants en particulier, et de le suivre - littéralement - dans les rues et chemins de ce village plus vrai que nature, dans le but de découvrir ce qui lui est arrivé. Le principe est donc aussi simple qu'obscur pour le nouvel arrivant : explorer le monde en se laissant guider (ou non, car après tout, vous y être libre) par une boule de lumière représentant ce villageois disparu. Une fois que vous aurez découvert tout ce qui se rattache à cet habitant, la nuit s'abattra sur les environs pour mieux vous guider vers votre prochaine rencontre. Monde ouvert oblige, il est cependant tout à fait possible de ne pas terminer l'arc de l'un des personnages rencontrés en poursuivant son chemin, d'autant plus qu'encore une fois, rien ne nous est expliqué au départ. Libéré de toutes contraintes, vous ne découvrirez donc pas l'histoire dans un ordre obligatoirement chronologique, mais The Chinese Room parvient néanmoins à dérouler le fil de son scénario sans que l'on se sente jamais perdu. Les liens entre les personnages deviennent de plus en plus évidents, et la sombre vérité sur les évènements passés lève son voile au fur et à mesure des révélations.
À ce stade de la review, il convient de préciser que malgré quatre heures acharnées passées à arpenter le monde de Everybody's Gone to the Rapture, nous n'avons pas encore réussi à en atteindre le dénouement. Il faut dire que, comme vous vous en doutez, nous prenons notre temps pour fouiller chaque recoin de la bourgade, à la recherche des échos de lumière et des radios qui révèlent également des bribes de l'histoire. Si l'on peut d'abord penser que la zone de jeu est assez limitée, il n'en est rien, et très vite, on ne sait plus où donner de la tête et on se prend même à avoir le tournis en découvrant les nombreux chemins et connexions qui relient les zones entre elles. Une construction très organique qui ancre encore plus le village et ses environs dans la réalité. Bien sûr, malgré une réelle liberté de mouvement, la progression reste finalement linéaire, mais pour l'amateur d'exploration, croyez bien qu'il n'y a pas matière à être déçu. Il faudra néanmoins accepter le rythme particulièrement lent dicté par le game design. En effet, impossible de se dépêcher dans Everybody's Gone to the Rapture, puisque l'allure du mystérieux personnage principal est particulièrement lente. Un choix qui pourra clairement en agacer certains, mais qui invite à s'imprégner du monde qui nous entoure.
Autre raison potentielle de se détourner de Everybody's Gone to the Rapture, son orientation très particulière qui le destine essentiellement aux joueurs qui ne craignent pas les expériences au gameplay limité. Dear Esther consistait simplement à suivre une ligne droite pour découvrir les longs monologues du héros, et si ici l'exploration libre est de mise et change radicalement la donne, le nouveau titre de The Chinese Room suit finalement la même philosophie. Les seules réelles interactions "physiques" avec le monde se limitent à pouvoir ouvrir certaines portes ou allumer les postes de radio/télévision. Certaines auras de lumière demandent également de trouver la bonne fréquence pour assister à la conversation, ce qui implique d'utiliser la fonction gyroscopique du DualShock 4. En dehors de cela, il s'agira uniquement d'arpenter le monde en y observant les nombreux détails, un voyage parfois quasi touristique ponctué de courtes interventions de l'envoûtante bande originale du jeu. Et c'est bien le mot que l'on retiendra en jouant à Everybody's Gone to the Rapture, envoûtant. Hypnotisés que nous avons été par l'univers et les évènements que nous avons pu découvrir jusqu'à maintenant, il aura fallu une volonté de fer pour quitter le jeu à 4 heures du matin hier pour espérer glaner quelques heures de sommeil réparatrices avant d'attaquer la critique ce matin.
Tous les commentaires (19)
En tous cas il fera partie des jeux que je me prendrais quand j'aurais une PS4.
Ce n'est pas dénué de poésie mais je garde une impression de "tout ça pour ça". Et c'est d'autant plus frustrant qu'en terme d'immersion, le jeu fait vraiment très fort.
Je vais voir les vidéos pour m'imprégner de tout ça :p.
Bon l'ambiance et les environnements sont vraiment sublimes. Pour le framerate c'est étrange, il est globalement autour des 30 et pourtant j'ai une impression de galère continue.
Les tests disent souvent que le personnage ne peut pas courir, les devs auraient pu l'indiquer quelque part... Comme L2 qui sert à interagir (comme X) et qui rend la navigation plus simple.
https://www.youtube.com/watch?v=nma8LKQJS2Y