Gran Turismo débarque enfin sur PS4 et pas forcément sous la forme que l'on attendait, qu'en est-il réellement ? Après nous être essayés longuement à la démo de Gran Turismo Sport, nous tentons de vous apporter un début de réponse.
Avec sa GT Academy (en partenariat avec Nissan) et ses nombreux pilotes virtuels maintenant devenus professionnels dans la vraie vie, Kazunori Yamauchi mettait malgré lui déjà un pied dans l'e-sport sans le savoir. Coiffé au poteau sur PC par iRacing, GT Sport s'en inspire très largement, sans en atteindre le niveau pour l'instant, la faute à l'absence d'un site web digne de ce nom pour traquer ses prestations dans les leaderboards, entre autres. GT Sport rajoute toutefois sa petite touche personnelle grâce au partenariat annoncé avec la Fédération Internationale Automobile, qui promet une véritable licence de pilotage pour les plus doués, mais aussi des championnats en ligne par nations et par constructeurs.
C'est donc sur ce constat que l'on accueille GT Sport, le spin-off sportif de la série, basé grandement sur l'aspect compétitif. Des sessions online à heures et paramètres fixes sont en effet proposées par les serveurs ; par exemple, on vous donnera rendez-vous à 19h00 sur le circuit de Suzuka, à bord d’une GT3 qu’il faudra piloter pendant 10 tours. Libre à vous de vous inscrire à celles qui vous intéressent le plus et d'effectuer ensuite des essais et qualifications dans votre coin, avant de rejoindre la vraie épreuve au moment prévu, pour quelques tours de chauffe tout d’abord, puis la course elle-même évidemment. Au fil des compétitions, vous serez noté en fonction de vos performances et de votre fair-play et jouerez contre des joueurs de catégorie équivalente. Bien sûr, plus vous effectuerez de courses, plus votre note sera précise et plus vous pourrez vous mesurer avec des personnes de votre niveau. Le système de pénalités pour les trouble-fêtes devra s'avérer sans failles pour assurer un vrai plaisir de jeu, malheureusement, il ne fonctionne pas correctement sur cette bêta (alors qu'il était présent dans la bêta fermée). Lueur d'espoir, Polyphony Digital assure travailler pour résoudre le problème d'ici à la sortie du jeu final. À environ une semaine de son arrivée dans les bacs, il serait temps. Autre regret pour l’instant, on aurait aimé avoir droit à une colonne récapitulant les meilleurs temps au tour des pilotes à la fin d'une course. Peur des inconnus ? Pas de problème, vous pouvez créer un lobby privé (ou public) et inviter vos amis pour conduire entre gentlemen drivers. Particulièrement bien pensé, ce lobby permet de modifier tous les paramètres à la volée (avec essais, qualifs et courses), sans bots malheureusement pour combler la grille de départ, qui sera donc limitée au nombre de participants humains présents.
Sous ses abords de jeu multijoueur orienté e-sport, GT propose tout de même une partie solo conséquente. Tout d'abord, au travers des traditionnelles épreuves de permis (rebaptisées ici école de conduite), missions de pilotage (battre un chrono, doubler un certain nombre de voitures, gagner une course d'endurance, etc.) et des épreuves d'apprentissage des circuits pour se familiariser avec les différents tracés du jeu. Il existe également un mode arcade, idéal pour se lancer dans une course rapide (entièrement paramétrable, mais sans essais ou qualifications), un contre la montre ou du drift. Nous n'avons pas trouvé de leaderboard mondial/amis dans ces modes de jeu, ce qui surprend quelque peu. Véritable absence, mise à jour à venir ou problème de serveurs ? L’avenir nous le dira. Pour autant GT Sport ne propose pas de carrière à proprement parler, contrairement à ce l'on peut en trouver chez la concurrence, et nombreux seront ceux qui verront cela comme un manquement grave. L'IA quant à elle est malheureusement assez inégale, même si nous n'avons pas remarqué de bugs flagrants. Elle alterne donc entre le fair-play total et l’agressivité puérile, d'autant plus si vous commencez vous-même à jouer des portières pour vous frayer un chemin dans la meute. La dimension multijoueur appuyée explique t-elle le manque de progrès de ce côté ? Difficile à dire de façon catégorique, la concurrence ne faisant pas forcément toujours meilleure figure à ce niveau. GT propose une nouvelle fois un mode photo particulièrement bien travaillé, aux options innombrables, et dont le rendu est parfois bluffant. Quelques photos réalisées par les développeurs sont disponibles en exemples avec leurs réglages propres, mais il est évidemment possible de mettre les mains dans le cambouis soi-même. Malheureusement, ce mode photo n'est jamais disponible directement en course, aussi faudra-t-il passer par le replay ou le mode dédié - pour les photos studios et en environnements, ces derniers étant particulièrement nombreux dans cette édition. On notera parfois une pointe d'aliasing, ce qui peut être gênant sur certaines combinaisons voitures/clichés, mais dans l'ensemble, ce mode devrait ravir les amateurs de beaux clichés.
Parlons un peu nouveautés maintenant. L'éditeur de livrée fait enfin son arrivée dans la franchise GT, mettant terme à une attente longue d’une génération. Plutôt réussi, à l'instar de celui de Forza Motorsport, l'éditeur profite d'un nombre de stickers de constructeurs, ou dédiés à la course automobile (extincteur, “Tow”, etc.), impressionnant. Ils sont même souvent disponibles dans plusieurs teintes pour donner au joueur un éventail de choix suffisant pour y trouver son compte. L'éditeur gagnerait néanmoins à proposer quelques options supplémentaires, comme la possibilité de copier/coller un côté sur un autre, mais il permet au moins de rapidement poser un numéro de course, son PSN ID et son drapeau. On peut également y modifier les couleurs primaires des casques et des combinaisons. Avec cet éditeur débarque un véritable marketplace, qui permet de partager (gratuitement) avec les autres joueurs, livrées, photos, replays, etc. Seule absence, mais non des moindres, il est impossible de mettre ses réglages à la disposition des autres joueurs (pour l'instant ?). Dorénavant, ce nouveau Gran Turismo revêt aussi un aspect réseau social/fil d'actualité, avec la possibilité de mettre un “j'aime” ou de suivre un contributeur pour être alerté de ses futures productions. Un système de progression, basé sur l'accomplissement de tâches et l'accumulation (de kilomètres, photos, temps de jeu…) permet de monter en niveaux, de gagner des voitures (42,3 kilomètres par jour suffisent à obtenir un nouveau joujou) des crédits et des Miles. Cette deuxième monnaie, en parallèle des classiques crédits qui servent à acheter des voitures, permet d'améliorer les véhicules (de façon “automatique”, on ne choisit pas de pièces comme dans les anciens GT), d'acheter des jantes, combinaisons, casque, stickers pour l'éditeur de livrée, et même quelques voitures choisies par les développeurs parfois. Un ajout que l'on devine pensé pour ouvrir la porte aux incontournables micro-transactions...
Le plus important finalement pour un jeu de course qui se veut réaliste reste la physique et le gameplay. De ce côté là, les aficionados de GT ne seront ni déçus, ni surpris, le jeu restant toujours aussi précis et crédible, sans atteindre le niveau des ténors du marché que sont Assetto Corsa et DiRT Rally. En revanche, GT a pour lui une fluidité sans faille, même sur la PS4 originale, ainsi qu'un pilotage au pad agréable et parfaitement calibré. Ceci se fait cependant au prix d'une maniabilité assez lourde de prime abord, qui manque un peu de retour d'informations, notamment à cause de vibrations bien trop timides. Difficile de se prononcer sur le pilotage en conditions humides, puisque seule une épreuve le permettant est disponible sur la démo, avec une catégorie de voiture déjà délicate à conduire sur le sec qui plus est. Par contre, il est indéniable que la conduite sur terre est un joli ratage, avare en vibrations et totalement dépourvue de grip. Le bon côté de la chose, c'est que c'est assurément le meilleur moyen de vous entraîner avant d'emprunter les routes enneigées des alpes cet hiver. Le comble reste la catégorie Groupe B, composée de voitures de rallye qui semblent encore moins à l'aise sur cette surface que les voitures de route, probablement à cause d'une puissance démesurée pour le niveau d'adhérence proposé. GT gère cependant très bien les consommables, avec la possibilité de désactiver ou d’accélérer leur usure durant la course, le tout accompagné d'un réglage du mapping moteur (sur 6 niveaux), entre performance et économie, disponible à tout moment via le BMD. Les dégâts mécaniques sont plutôt bien retranscrits, et il est assez facile de rendre sa voiture inutilisable à la suite d'un choc trop violent. On ne peut pas en dire autant de leur rendu visuel, la tôle froissée étant tout bonnement absente. Les passages aux stands sont en revanche superbement mis en scène via une bien jolie cinématique, mais la transition entre piste et stands est trop brutale et digne des meilleurs effets de téléportation de Star Trek.
Graphiquement, GT étonne tant on ne l'attendait pas à ce niveau depuis sa première présentation, et on ne vous le cache pas, cela fait plaisir à voir. Fin, avec un aliasing discret (voire inexistant), des couleurs justes, un éclairage réussi et flatteur, des effets tape à l’œil et une fluidité parfaite, GT frise le sans-fautes - d'aurant plus quand on peut y jouer en HDR. Si ce n'est certaines ambiances qui ne mettent pas en valeur les circuits, un rétroviseur à la distance d'affichage un peu limitée et des éléments de décors au loin indignes d'une production de 2017 (arbres en croix low-res), on n’est pas loin du photoréalisme. Tout cela se fait au détriment de la présence de météo dynamique (de météo tout court ?) et de cycle jour-nuit (plusieurs ambiances sont disponibles selon les circuits, y compris la nuit, mais c'est tout), alors qu'il s'agit presque de la norme de nos jours. On mentionnera également encore l'absence de dégâts visuels sur les véhicules, hormis quelques égratignures. Une situation inexplicable en 2017, même si Forza se contente lui aussi du strict minimum à ce niveau. Tout ce travail n'est malheureusement pas mis en valeur par les différentes vues disponibles en course, aucune n’étant complètement satisfaisante malgré quelques réglages supplémentaires accessibles dans les options. La vue cockpit est trop stable (pour une expérience VR sans remous ?), la vue capot trop haute, donnant presque l'impression d'être placé au niveau du toit, et la vue ras-terre trop en arrière, ce qui implique des collisions avec la voiture de devant à cause d'un pare-chocs invisible. Quant à la vue externe, elle est uniquement présente pour plaire à Altanyx, et il ne possède pas de Playstation 4. Pour finir sur la partie visuelle, l'habillage est particulièrement réussi, ce qui ne surprendra pas grand monde. Il associe classe et sobriété, le tout étant souligné par une bande son de bon goût qui est même accessible intégralement dans la bibliothèque du jeu. On a également le plaisir d'entendre ronfler le moteur de sa voiture (il s'agit vraiment du son de la voiture choisie) lors du chargement de la course. On ne reviendra pas sur le mode photo, juste impressionnant de réalisme, pour peu que l'on prenne le soin de se plonger dans ses réglages très (trop ?) nombreux.
Niveau sonore, GT est en nette progression. Les moteurs sonnent justes et les détails affluent avec "pop and bangs" à gogo. C'est donc un véritable plaisir de chatouiller la zone rouge et de rétrograder brutalement. Malheureusement, en dehors des moments où l'on porte un casque de bonne qualité sur la tête, le tout semble un peu étouffé/sourd. De même, les sons de l’environnement mériteraient un peu de gain dans le mixage sonore, tant ils sont discrets. Mais le véritable point noir provient des bruits de collisions particulièrement ratés. Il faudra également penser à désactiver la musique en course, activée par défaut. Mais au final, ce qui choque le plus dans ce GT Sport est finalement ce qui lui manque : du contenu. En effet, avec ses 160 voitures annoncées (dont beaucoup sont des itérations courses d'un même modèle de base, ou des concept cars fictifs mais produits par les constructeurs eux-mêmes) et son faible nombre de tracés, GT Sport est très loin des standards de la franchise, et même de ses supposés concurrents directs que sont Forza et Project Cars. Pour autant, il ne faut pas oublier qu'un Assetto Corsa ou iRacing (son inspiration officieuse ?) proposaient un contenu tout aussi chiche quand ils sont sortis. Avec une politique intensive de DLC par la suite, à des tarifs plus ou moins doux, ils ont complété la liste de bolides au fur et à mesure, et on ne doute pas que GT suivra le même chemin. Reste à savoir si l'on peut réellement pardonner à un studio comme Polyphony Digital ce que l'on avait accepté de structures nettement plus modestes, en budget comme en taille. À noter également que nous avons débloqué tardivement une voiture aux vitres fumées qui ne possède aucune vue cockpit, ce qui rappelle funestement les modèles standards des éditions précédentes...
Tous les commentaires (37)
Un grand merci !
On se croirait sur PC2 en lisant cela.
Plus serieusement, ce qui faisait ma joie sur les anciens GT c'etait la profusion de voitures et des graphismes soignés, j'etais pas fan de la conduite.
mais la je ne comprend pas leur nouvelle politique avec un contenu aussi pauvre
Donc tout le monde va poster le même screenshot du même décors précalc ?
Je vois pas l’intérêt.
En tout cas c'est bien de savoir que le jeu a bien progressé. J'attend encore de voir les metric sur le framerate.
Tout ça est positif... Mais quand même. 4 ans pour ça.
Quant à la vue capot, ce n’en est pas une. ^^ C’est la vue toit habituelle à la serie.
Sinon entièrement d'accord avec tout ce qui a été dit. Le truc qui m'a le plus surpris c'est le soin apporté au son (jouissif lors des replays).
Les menus aussi. D'habitude je porte vraiment pas attention à ce genre de détail, mais là c'est riche, soigné, tout en étant suffisamment réactif.
Cerise sur le gâteau le jeu tourne parfaitement sur la PS4 normale et sans la faire souffler comme un boeuf (genre comme sur Horizon), donc vraiment du tout bon. Vivement le 18.
Forza ratisse plus large et plait à tout le monde. Et puis il possède les conditions météo variables comme gros atout. GT possède des caisses inédites et offrira plus de challenges intéressants sur la longueur je pense.
Mais pourquoi ne pas prendre les 2 du coup, lorsqu'on aime un tant soit peu la course ? Perso c'est ce que je compte faire.
Edit :aussi Forza possède encore un peu d'aliasing qui moi me fatigue les yeux à force. Un défaut qui sera surement gommé avec la X.
Deux petites choses :
C'est Assetto Corsa (avec deux t donc, une fois bien écrit, une fois mal dans la preview) et iRacing pas I-Racing.
Forza ratisse plus large et plait à tout le monde. Et puis il possède les conditions météo variables comme gros atout. GT possède des caisses inédites et offrira plus de challenges intéressants sur la longueur je pense.
Mais pourquoi ne pas prendre les 2 du coup, lorsqu'on aime un tant soit peu la course ? Perso c'est ce que je compte faire.
Edit :aussi Forza possède encore un peu d'aliasing qui moi me fatigue les yeux à force. Un défaut qui sera surement gommé avec la X.
Je suis surpris mais si la conduite est bonne pour Gt c'est tant mieux pour ceux qui craquerons.
J'espère aussi que ceux désireux de faire du solo soit bien au courant de l'aspect tout connecté, le online de Gt
car si y a un truc que je trouve cool, c'est defaire une course, et de pouvoir voir les temps de ses potes sur la meme catégorie
Hs, sinon j'en ai chié sur Forza Spa pluie 7 tours (pluie au moins sur les 5 derniers) avec Lotus 67 type 49 sans aides, pouah pouah pouah, intense.